Ma fille a 9 ans. Et elle m’a lancé un petit défi de parentalité récemment : elle a envie de porter des crop tops.
Dit comme ça, ça paraît anodin. Mais moi, ça m’a fait grincer des dents.
Ma première réaction a été simple (et autoritaire) : non. Interdit. Pas de crop top.
C’était clair, net, rassurant. Et en plus, pour une fois, son père et moi n’étions pas d’accord — ce qui a ajouté un peu plus de complexité à l’affaire.
Avec un peu de recul, je me rends compte que ce sujet vient me bousculer à deux endroits très différents.
1. La liberté de disposer de son corps
D’un côté, je veux profondément qu’elle se sente libre. Libre de s’habiller comme elle veut. Libre de montrer son corps si elle en a envie. Je ne veux pas être une mère qui fait honte, qui contrôle, qui sexualise des choix d’enfant.
Et je sais que si elle avait envie de porter un crop top à 16 ans, je lui dirais probablement que c’est son droit.
Mais à 9 ans… est-ce qu’elle veut vraiment ça pour elle ? Ou est-ce qu’elle sent déjà, confusément, que le corps des filles est un objet à montrer pour être aimée, admirée, acceptée ? Et là, on touche à quelque chose de plus douloureux.
2. Le poids de la culture patriarcale
Ce qui me dérange profondément, c’est le sous-texte.
Celui qui dit que le corps des filles et des femmes est leur principale valeur. Celui qui récompense la peau montrée, les ventres plats, les sourires bien placés.
Je n’ai pas envie qu’elle entre là-dedans. Pas maintenant. Pas si tôt.
Je veux lui transmettre qu’elle vaut mieux que ça. Que ce n’est pas en crop top qu’elle sera plus aimée. Que sa valeur ne dépend pas de son ventre, ni de la longueur de ses manches.
Et pourtant, je sais aussi que ce n’est pas le vêtement le problème. Ce sont les regards. C’est le système.
Alors est-ce à elle de s’adapter, de se couvrir, de se cacher pour ne pas être sexualisée ?
Ou est-ce à moi, sa mère féministe, de la protéger encore un peu, de repousser ce moment où son corps sera regardé comme un objet ?
Le dilemme
Je suis partagée. Entre mes convictions féministes et mon envie de la protéger.
Entre le respect de son autonomie et la crainte qu’elle soit trop jeune pour comprendre les implications.
Et puis, au fond, je trouve tout simplement qu’à 9 ans, ce n’est pas le moment. Les crop tops sont souvent interdits à l’école, et pour moi, c’est un repère qui me rassure encore un peu.
Mais je sais que je ne pourrai pas tenir cette position indéfiniment. Un jour, il faudra que je lâche.
Alors d’ici là, j’essaie de faire ce que je peux : ouvrir la discussion, parler de l’image de soi, du corps, des vêtements, des regards. Et surtout, lui transmettre que sa valeur est ailleurs.
Et vous, vous avez eu ce genre de discussion avec vos enfants ?
Vous avez trouvé un équilibre ?
0 commentaires